Arrivée dans Edoras

Aragorn n'en pouvait plus. C'est tout juste s'il pouvait respirer tellement sa gorge le brûlait de soif......Il trébuchait régulièrement contre la caillasse et titubait de plus en plus dangereusement sous le poid de la fatigue et du soleil ardant. Dix jours qu'il errait depuis le gué de Tharbad où on lui avait fauché sa carte, ses armes et ses vivres. Des hommes de Dun lui avaient tendu une embuscade dans un petit bois et c'était par pure chance qu'il en avait réchappé. Son cheval l'avait lâché au petit matin comme il se l'était mis à craindre en voyant la pauvre bête de plus en plus affaiblie. Maintenant il marchait sur la route. Il espérait vaguement aperçevoir au loin l'éclat d'or scintillant dont les voyageurs faisaient l'éloge. En vérité n'importe quelle habitation aurait été la bienvenue pourvu que l'eau y fusse connue, même la vision d'un cavalier l'aurait contenté. Mais rien, le vide, rien que la plaine verte et les collines ondulantes à perte de vue

Il n'aurait jamais du partir. Il croyait pouvoir combattre les dangers du voyage sans problème mais à 19 ans, seul......C'était prévisible et il se maudissait de s'être cru si fort. Si seulem....

* Aïe ! *

Il ressentit une grande douleur dans son dos. Son guitar se faisait de plus en plus lour au fur et à mesure et il redoutait le moment ou il devrait s'en debarrasser. C'était le seul bien qui lui restait et le plus important à ses yeux. Un guitar de cette qualité, fruit de l'artisanat rohirrim était aux yeux d'un musicien une véritable petite merveille. Et c'était son outil de travail, il en vivait depuis deux ans maintenant à silloner Eriador en tout sens avec ses amis. Et puis il s'était mis en tête de revenir au pays de ses origines. Son père était rohirrim, il avait fui son pays après une sombre histoire de meurtre dont il avait toujours nié être l'auteur. A sa mort il lui avait légué son guitar car il était le ménestrel du Roi. Aragorn avait appris seul à en jouer et était devenu ménestrel dans les auberges d'Eriador ou il était devenu assez connu.

* Qu'importe maintenant de savoir jouer ! J'aurais du apprendre à me battre ou à voyager seul, à chasser, à trouver de l'eau.......*

Aragorn se detestait. On lui avait répété tellement souvent qu'il était bon à rien qu'il en avait fait une vérité. Certe c'était un bon ménestrel mais comme on lui disait sans cesse "ce n'est pas ta musique qui nous défendra quand l'ennemi seras à nos portes Aragorn !"
Une larme coula sur sa joue.

Il très haute colline s'annonça devant. Aragorn était épuisé mais faire le tour serait bien trop long alors il commença l'ascension avec difficulté, déséquilibré par son instrument et par ses vertiges. Il arriva enfin au sommet.

* Par tout les Valars ! *

Edoras, capitale de Rohan, étalait sa formidable beauté sous ses yeux éblouis. Meduseld scintillait comme milles feux brillants. Aragorn eut un fort pincement au coeur en voyant sa Cité, la Cité des rohirrims. Il en oublia sa fatigue et marcha, lentement certe, vers la porte de la ville. Son aspect était misérable et maintes personnes se retournèrent en murmurant comme il arrivait à l'interieur de la cité. Une main se posa sur son épaule.....il sursauta.

C'était un garde qui l'avait arrêté. Il fallait dire que le jeune homme avait un aspect si misérable qu'il faillit être rejeté aux limites de la cité. Morwen n'avait jamais vu cela, et se prit de pitié envers le jeune homme qui semblait exténué. Elle fit part de son intention de l'aider, et emmena le nouvel arrivant jusqu'au château sans plus dire un mot. Pourtant elle brûlait d'envie de connaître son histoire, mais le pauvre s'était déjà contenté d'un regard bienveillant envers elle. Alors elle se promit de venir lui reparler plus tard.
Une fois arrivés, elle lui assigna une chambre. Le château n'était pas très peuplé à cette époque de l'année...

Je suppose que vous êtes fatigué, messire... Je vous laisse vous reposer. Faites signe quand vous aurez besoin de quelque chose. Appelez quelqu'un et vous pourrez prendre un bain, ainsi que des vêtements neufs.

En parlant, elle lui avait rempli un bassin d'eau tiède pour qu'il puisse faire un minimum de toilette.

Puis, elle s'effaça, le laissant seul certainement face à ses doutes.
Morwen avait eu un élan de bonté envers ce jeune homme dont elle ne connaissait rien, elle ne pouvait même pas encore s'expliquer cet acte à elle-même... Pourtant, elle était persuadée d'avoir fait le bon choix. Les voyageurs arrivant dans cet état étaient rares, et elle n'avait jamais été confrontée à cette situation.
Elle donna quelques ordres aux femmes de chambres, leur demandant notamment de venir la chercher quand il serait frais et dispos.