Passage dans le pays de Dun

~~Eru~~ commençait à se rendre compte petit à petit que son compagnon était bien plus lucide et bien plus intelligent ce que leurs affrontements passés lui avaient laissé supposer.

Il lui fut agréable de remarquer la facilité qu'avait eu l'uruk à localiser les traces et à en déterminer les auteurs et leur direction. Cela démontrait ainsi que ce dernier avait su aller au-delà des confinements imposés par sa condition d'uruk et par Saruman, maître en l'art de la manipulation des esprits.

Quand à la présence d'intrus, ~~Eru~~ le savait déjà, car si ses sens dans la traque étaient somme toute équivalents à ceux de l'uruk, les mouvements et grognements suggestifs de leur monture avaient depuis longtemps alerté le morgulien.
~~Eru~~ avait d'ailleurs, par de légers mouvements précis et connus de lui et de sa bête seuls, envoyé celle-ci vers le campement détecté.

Arrivés contre le vent à quelques centaines de mètres du campement, ~~Eru~~ stoppa Pépette et mit pied à terre, incitant son compagnon à faire de même. Il pointa un doigt en direction du camp:

- Va donc jeter un coup d'oeil ... Moi en attendant, je vais en profiter pour arroser les arbres si tu vois ce que je veux dire

~~Eru~~ avait dû prendre plus de temps que prévu pour se libérer de toute la bière qu'il avait ingurgité avant le départ, et finit par revenir s'accroupir à côté d'alucard.

Pépette avait reçu l'ordre de rester un peu en retrait derrière eux par prévention, et ~~Eru~~ fut satisfait de voir que l'idée était judicieuse car un chien de garde accompagnait la troupe qu'ils venaient de rencontrer. Ils avaient beau s'être placé dans le bon sens par rapport au vent, la grande taille de la ouargue et le bruit de sa respiration pouvait trahir leur présence. Les chiens, en plus d'avoir un bon odorat, avaient aussi une ouïe fine et le regard vif.

Elle restait donc allongée, à l'écart derrière quelques buissons, d'où elle pouvait sentir les odeurs de chair humaine. Heureusement, le bon dressage et l'entente parfaite avec son maître faisaient qu'elle luttait aisément contre ses instincts premiers.

Après avoir jeté un coup d'oeil sur le campement et sur ceux qui l'occupaient, ~~Eru~~ fit la moue. Ils venaient de faire une longue chevauchée depuis l'Anneau de l'Isengard et il aurait bien pris une pause et fait une sieste plutôt que d'affronter deux ou trois pauvres voyageurs isolés. Leur but était de visiter la Comté et de découvrir ses plaisirs, et le morgulien voulait être en forme à leur arrivée là-bas.

- Bof ... y'a aucune gloire à retirer d'une attaque contre un tel campement minable. Personnellement, je pense que le moment est venu pour moi de me trouver un coin d'ombre et de faire une petite sieste. Si tu veux t'en prendre à eux, vas-y ne te retiens pas, tu peux même avoir Pépette avec toi si tu veux. Elle a besoin de sentir autre chose que de la poussière et des cailloux sous ses pattes. En plus, c'est l'occasion pour vous deux d'apprendre à vous connaître car une fois en Comté, ça serait mieux si chacun connaît l'autre.

A la grande surprise de son compagnon, Alucard se redressa fièrement de façon à être bien vu des hommes sauvages. Il ne dégaina pas son arme et avança d'un pas sur vers le campement.
A coup sûr, l'orque ignorait tout du discours que Saruman avait tenu aux hommes de Dun et qui faisait d'eux des alliés, et non des ennemis. De plus, effectivement, il n'y avait pas grande gloire à attaquer une tribue isolée partie en chasse pour nourrir un groupe plus grand.

~~Eru~~ avait pris place sur sa monture et rejoigna Alucard qui marchais toujours en direction du campement.

"-Ce ne sont pas les proies que j'avais pisté, mais je me demande s'ils ne cherchent pas la même chose que moi. Normalement, un groupe d'uruk se déplace dans la régions, j'espérais les croiser car ils font partis de mon bataillon, mais aucune trace d'eux. j'espère qu'ils pourront nous renseigner sur ça aussi.
Pour ce qui est de notre gibier, il s'agit de cavaliers du Rohan. Aux vues des légères marques sur le sol, ils se déplacent légèrement, et ils ne sont pas très armés.
J'ai remarqué aussi qu'ils se déplaçaient deux par deux ou par trois avec entre chacun de leurs groupes plusieurs mètres d'intervalle, sans doute pour brouiller la piste.
Quoi qu'il en soit, allons nous restaurer avec ces hommes, j'en ai grand besoin, nous partirons plus tard si tu le veux bien ... le temps que je les questionne."

En disant cela, Alucard s'aperçut qu'ils étaient maintenant à quelques pas du campement, mais avant d'y entrer, il attendais de svoir ce que proposait ~~Eru~~.

~~Eru~~ posa un œil circonspect sur le campement et réfléchit à la situation. Il n'avait guère l'habitude de tenir compagnie à des humains. De plus, si ces hommes étaient alliés de Saroumane, le morgulien ne se sentait pas forcément du côté du Gardien d'Orthanc, et la guerre que ce dernier menait n'était pas la sienne.

- Très bien, dit-il à son compagnon, pour ma part je resterai à l'écart si tu n'y vois pas d'inconvénient. Je ne suis pas sûr qu'ils aient déjà vu un orque de Morgul et je ne pense pas qu'ils m'accepteraient aussi facilement qu'ils t'acceptent toi ... De plus, je ne pense pas que la compagnie de Pépette leur plaira.
Je vais donc rester à l'écart. J'ai largement de quoi subvenir à mes besoins, et de ton côté, essaye de récupérer assez de provisions pour deux en vue de ce qui nous attend.

Après une bonne soirée de restauration en l'absence de l'orque et parmis des personnes qui comprenaient Alucard et l'acceptaient à se juste valeur, Alucard avait presque oublié pourquoi ils avaient fait halte.
Il passa le reste de la soirée, peu animée étant donné que tout le monde partait se coucher au fur et à mesure que le temps passait, à questionner le groupe.
Au matin, il rejoignit Eru et lui raconta ce qu'il avait appris.

"-Ils n'ont pas pu nous fournir trop de provisions car eux même ne sont pas très fournis suite à leur rencontre vaec un groupe armé de cavaliers de la Marche qui est déjà repartit de puis longtemps en direction d'Edoras.
D'un autre côté ils ont eux aussi repéré les traces des hommes que nous poursuivons. Ils les ont pistés jusqu'ici et ils affirment qu'ils ne doivent être qu'à deux ou trois jours plus vers le nord d'ici.
Cependant ils n'ont aperçut aucun groupe de ma race dans les environs, ce qui est assez étrange, mais je devine facilement que ce n'est pas pour te déplaire.
Bon je ne sais pas toi, mais je ne pense pas que l'on arrivera à rattraper ces hommes en restant assis là à ne rien faire, d'autant plus que notre gibier se déplace à vive allure et pratiquement sans halte vu qu'il n'y a aucun vestige de feu de camps par ici.
Alors en selle ?"

~~Eru~~ étudia avec attention les informations reçues de son compère. Si ce qu'il venait d'apprendre était vrai, alors les cavaliers qui étaient à 2 ou 3 jours plus au nord s'enfoncent dans le Pays de Dun, longeant les Monts Brumeux. Il siffla Pépette qui accourut, et après lui avoir flatté l'encolure fouilla dans les sacoches qui pendaient à la selle. Après quelques secondes, il en retira un parchemin plié soigneusement, qu'il étala sur une large pierre plate placée près de là. Complètement déplié, le carré de peau tannée faisait près d'un mètre de côté, et on pouvait voir dessus une carte détaillée de la Terre du Milieu, avec ses chaînes de montagnes, ses lacs, ces principaux cours d'eau et quelques cités.

- Je l'ai dénichée dans une des salles abandonnées de la Tour Noire de Mirkwood, dit-il, amusé par les yeux ébahis de l'uruk.
J'ai passé des heures à nettoyer le sang séché qui y était agglutiné et maintenant elle me suis dans tous mes voyages.

Il balaya d'un revers de la main une petite zone de la carte.

- Voici le Pays de Dùn que nous traversons actuellement, et voici l'endroit où nous nous trouvons en ce moment, ajouta-t-il en posant son doigt crochu en un point précis du parchemin.

- Si ce que tu dis est vrai, ces cavaliers doivent se trouver à peu près ici. Et il posa sur le parchemin des brindilles qui représentaient leurs proies. Il les disposa près de lignes ondulées qui figuraient la chaîne des Monts Brumeux.

Il se mit à réfléchir, puis ouvrit ses pensées à son compagnon de voyage.

- Honnêtement je ne comprends pas ce qu'ils font dans ce coin-ci. Il pointa de l'ongle une tâche noire sur la carte, située un peu plus au nord de là où il avait disposé les brindilles. La Moria. Là où je suis né. Je n'y suis resté que quelques jours avant d'en être chassé, et ses yeux flamboyèrent à ce souvenir. Bien sûr il n'avait aucun souvenir de ces instants car il était trop jeune à l'époque, mais celle qui l'avait accueilli et élevé comme son propre orquon lui avait maintes fois expliqué comment elle l'avait recueilli près du Lac des Nains. Et de nombreuses fois elle lui avait raconté les histoires des orques de la Moria et ce qu'il s'y passait.

- Je ne pense pas que les hommes-dresseurs-de-chevaux se rendent là. Les orques et gobelins de la Moria eux-mêmes ne s'aventurent jamais dans les quartiers ouest de la Cité Souterraine, et de toute façon il n'y a aucun moyen d'entrer ou sortir de la Moria à l'Ouest, ou alors ce chemin est inconnu de tous, des hommes comme des orques.

Il pointa alors son ongle sur un point encore plus au nord sur la carte.

Les elfes, et sa voix semblait contenir à la fois de la peur et de la colère. Nos proies vont voir le Vieil-Elfe-encore-jeune. C'est une vieille cité elfe perchée sur les contreforts des Monts Brumeux. Elle est gouvernée par un elfe dont on dit qu'il est vieux de plusieurs milliers d'années et qu'il a affronté le Grand Oeil dans un lointain passé. Si les cavaliers du Rohan se rendent chez lui, ce n'est pas une bonne nouvelle pour toi et ton Maître d'Orthanc.

Il étudia les distances séparant les divers points stratégiques qu'il avait mentionnés, et proposa ses conclusions à alucard.

Il leur faudra encore 6 voire 7 jours pour atteindre la cité elfe. En partant maintenant, et en cavalant à l'allure d'une ouargue affamée et avide de sang frais, nous les rattraperions ... disons ... 2 jours avant qu'ils n'atteignent leur objectif, ce qui nous permettrait d'en savoir un peu plus et d'agir en conséquence sans alerter ces sales fouineurs aux oreilles pointues. Alors, interrogea-t-il l'uruk, que décides-tu ?

"- Ce que tu dis est logique, tu raisonnes bien pour un orque dis moi ! Bon je pense que les hommes doivent être abattut sans sommation. Si on empêche les hommes de prévenir les elfes sur ce qui se prépare plus au sud ce sera un coup d'éclat dont mon maitre me gratifiera grandement.
Je n'aime pas les chevauchées, encore moins à bride abattue, mais s'il faut les rattraper de cette seule manière, je suis partant !
Et puis il nous suffira de biffurquer à l'ouest pour rejoindre la comté. Ceci dit, j'ai une question : Pourquoi avais-tu besoin de moi pour te conduire en Comté alors que tu avait une carte pour te montrer directement le chemin ?"

- Je n'avais pas besoin de toi pour me diriger en Comté mais pour prouver aux hobbits que les plus moches de la Terre du Milieu ne sont pas les orques mais bien les uruks, répondit-il dans un éclat de rire.

~~Eru~~ replia soigneusement sa carte et la rangea à sa place dans une des poches de la selle de sa ouargue. Il agrippa la toison rêche de celle-ci et d'un coup de rein se hissa sur le dos de sa monture. L'uruk le suivit avec une moue des mauvais jours, sans doute à cause de la vérité qu'il venait de se prendre en pleine face.

Après un rapide coup d'œil aux alentours pour vérifier qu'ils n'avaient rien oublié et jeté toutes leurs ordures dans les poubelles prévues à cet effet en séparant bien ce qui était recyclable de ce qui ne l'était pas, ~~Eru~~ tourna la bride pour diriger Pépette vers le Nord et d'un sifflement strident entre les dents encouragea sa monture, qui d'un bond raccourcit déjà de plusieurs mètres la distance qui séparait l'étrange compagnie de sa proie.

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